Qu’est ce que la cérémonie du thé ?
La voie du thé est un mode de vie, une façon contemplative d’apprécier l’instant présent…
Au delà de la simple maîtrise d’une technique particulière, les « Dô » ou voies au Japon sont des disciplines complètes pour l’homme sur la voie de son accomplissement dont l’objectif final est d’optimiser ses rapports avec son environnement naturel et humain.
La traduction de Chado/Sado (茶道) par « cérémonie du thé » est assez maladroite car trop réductrice à un rituel exotique. Car au delà de la forme se découvre une pensée où l’univers se retrouve dans un bol aux creux des mains.
Nourrie du Zen, la voie du thé nous emmène alors sur d’autres voies comme celles de l’Ikebana (art floral japonais), de la calligraphie, de la gastronomie, du jardin.
C’est la recherche du calme, de la sérénité, de la communication par delà les mots et de pouvoir les reproduire dans la vie quotidienne.
C’est se recentrer sur soi et renouer avec la paix intérieure.
Esprit du Wabi-sabi
La cérémonie du thé est basée sur l’esprit du “wabi-sabi(侘び寂び) ”autrement dit, la beauté des choses imparfaites, éphémères et modestes.
Le concept du Wabi-sabi est toujours difficile à appréhender, à formuler.
C’est l’interpénétration de deux principes : wabi (simplicité, solitude, tristesse, mélancolie, frugalité, humilité…) qui fait référence à la plénitude et la modestie que l’on peut éprouver face aux phénomènes naturels et sabi (la patine du temps, le goût pour les choses vieillies…) à la sensation face aux choses dans lesquelles on peut déceler le travail du temps et des hommes.
S’ouvrir au wabi-sabi c’est aller à contre courant des modèles standardisés et artificiels modernes. Le wabi-sabi invite au contraire à la contemplation et au détachement face à la perfection. Il souligne le caractère irréversible du temps qui passe et l’aspect éphémère de toute chose.
Une occasion, une rencontre
Chaque cérémonie du thé est vécue comme un moment de partage unique et irremplaçable. On appelle cela “Ichi-go Ichi-e (一期一会) ”en japonais.
Un peu d’histoire
Au 12e siècle le moine Eisai, fondateur du bouddhisme Zen Rinzai, ramène de Chine le thé matcha (thé vert en poudre) connu pour ses vertus sur la santé.
Il permettait également de ne pas s’assoupir lors des longues séances de zazen (méditation). Dans les monastères Zen on servait le thé aux visiteurs importants et la coutume fut rapidement adoptée par la noblesse.
Les premières plantations de thé voient le jour à cette époque là à Uji près de Kyoto. Les réunions de thé deviennent célèbres chez les samurais.
Deux siècles plus tard le moine zen Murata Juko (1423-1502) développe l’idée que la préparation et la dégustation du thé deviennent un véritable exercice de méditation. La dimension spirituelle de la voie du thé se dessine alors.
C’est ensuite grâce au moine zen Takeno Joo (1502-1555) que le rituel autour du thé se propagea dans la classe des marchands dans la région de Sakai tout près d’Osaka. Détestant l’ostentatoire il imposa des poteries japonaises au style beaucoup plus simple et ordinaire que les ustensiles d’origine chinoise.
Mais c’est son disciple le moine Sen no Rikyu (1522-1591) qui développa le thé en une des voies les plus fondamentales de la culture japonaise. La cérémonie du thé était né.